KAZA - LEH VIA KEYLONG - Anéantis.
La puja terminée, nous saluons une dernière fois nos hôtes bouddhiques et enfilons les sacs pour un très long voyage vers le Ladakh.
Cette première étape consiste à rallier la ville de Kaza, à une quinzaine de kilomètres. Pas à pas, nous reprenons la route. Pas l’ombre d’un véhicule sur le tapis de goudron qui serpente au loin devant nous.
Puis miracle, un tracteur arrive à notre hauteur, il nous avancera d’un précieux kilomètre.
Pour la suite, cela se gâte. Le peu de voitures qui nous dépassent font semblant de ne pas nous voir …Ggrrrhhh !!! Pendant dix kilomètres, le même refrain, la même ignorance. Les mollets commencent à se durcir, quand tout à coup un 4X4 accepte de nous accompagner jusqu’à destination. Quel confort de réaliser les dernières longueurs sur un banquette moelleuse. Heureux d’être arrivés à Kaza. En plus ici, nous avons déjà nos repères : souvenez-vous ses petits riens qui font du bien.
Une courte nuit s’est offert à nous puisque ma montre indique 04h dans le hall du Bus Stand. Les yeux encore plein de sommeil, je me retrouve agressé par le type qui doit nous conduire vers notre étape suivante. Il refuse nos imposants bagages à l’intérieur de son bus. Hors de question pourtant de les mettre sur le toit car je sais très bien qu’en haut des cols la météo est capricieuse. Au bout d’une demi-heure, après s’être mis tout le bus à dos, il nous est autorisé de garder nos sacs sur les genoux. Puis, c’est le départ. 58 kms plus loin, nous arrivons à Losar pour un contrôle de papiers et déjà rien ne va plus. Tellement secoués dans tous les sens, je suis transparent et nauséeux à souhait. Apres une longue hésitation, je reprends ma place dans cette espèce de machine à laver roulante. Le nouvel arrêt au sommet du Kunzum La (4551m) enneigé me ravigote, à la surprise générale, en un instant.
A peine la descente du col amorcée que la neige fait son apparition. Les petits flocons se transforment vite en gros et la tempête de neige surgit. A bord de notre lessiveuse, la visibilité est quasi nulle mais les précipices eux sont bien présents.
La tension monte dans le bus et l’inquiétude se ressent aisément chez les passagers.
Tout le monde, y compris les bergers, se retrouvent pris au piège par la soudaineté des événements.
Avec adresse, notre chauffeur nous amène jusqu’à Battal où une halte, même sous une pluie battante, s’impose. Dernière ligne droite vers Gramphu avec l’alternance pluie et neige. La fin de matinée approche lorsque nous sommes jetés sur le bord de route. La neige, elle, a redoublé d’intensité et juste l’existence d’une dhaba, petite cantine pour routiers, pour nous sauver la mise. Normalement, c’est ici que nous devrions prendre une connexion pour Keylong, l’objectif de cette seconde étape. Mais, les conditions climatiques ont l’air de vouloir en décider autrement. Depuis notre passage, nous apprenons que le Kunzum La a été fermé, et que le Rohtang La (3978m) ne laisse plus passer de véhicules. En gros, nous sommes bloqués dans ce trou perdu; plus personne ne circulera n’y dans un sens, n’y dans l’autre. Les derniers à se présenter devant notre nez sont archi blindés et refusent de nous emmener. Heureusement, une femme du coin nous propose de partir avec elle grâce à un routier qu’elle a appelé et qui arrive sur zone dans peu de temps. Ouf ! Nous apercevons le museau du camion; mais le temps de prendre nos sacs, et elle se fait la malle avec deux autres personnes.
Le temps passe dans la dhaba, impossible pour nous de manger quoique se soit. Le froid commence à transpercer nos vêtements, la température ne doit pas excéder les 3 à 5°C. L’ambiance parmi les dizaines de naufragés de la route n’est pas au beau fixe. Au moins maintenant une chose est sûre, les règles semblent établies : c’est chacun pour soi ! De nouveau, j’entends un bruit de moteur, je me précipite sous la neige pour stopper nos éventuels sauveurs : deux minibus en vue. Coup de volant, le premier m’évite de justesse et le second …incroyable, s’arrête et accepte de nous prendre jusqu’à Keylong. Je hurle la bonne nouvelle à S. encore dans la dhaba, à tenter vainement de se réchauffer. Cette fois-ci pas question de se faire doubler. Les regards dans l’assemblée en disent long sur leurs mépris à notre égard. Seule une jeune népalaise décide de m’aider à prendre nos bagages. Action récompensée, elle pourra être elle aussi du convoi.
Nous mesurons la chance que nous avons de pouvoir rejoindre en fin d’après-midi la ville de Keylong car le déluge lui continu. Dans la soirée, un homme frappe à la porte. c’est Nima, le chauffeur de notre minibus. Il nous propose de nous conduire jusqu’à Leh le lendemain pour seulement 600 roupies par personne. Apres un temps d’hésitation dû à la fatigue, on accepte volontiers l’invitation.
04h15, le réveil sonne. C’est à la lumière de nos Maglite que nous nous apprêtons pour la suite de notre expédition. Le départ pour le Ladakh a été fixé pour 5h. Mais dans le village, pas un bruit …Etrange ?! Finalement, au lever du jour, la sentence tombe. Aucun véhicule ne pourra prendre la route aujourd’hui : trop de neige ! Les cols sont tous fermés.
Nous voila mis en quarantaine à keylong. Tanpis, on en profite pour dégoter un hôtel un peu plus douillet afin de se reposer et se laver un minimum. On consacrera le reste de notre journée à faire du shopping dans la ville.
Demain, un nouveau rendez-vous est fixé …Wait and see !
11 septembre, on se présente vers 03h45 près de la gare routière. C’est avec trois quart d’heure de retard que notre chauffeur se pointe. Comment lui en vouloir après la bouée qu’il nous a lancée l’autre jour. Les bus gouvernementaux eux ne partiront plus avant l‘année prochaine; seules les petites embarcations peuvent encore tenter leur chance. Six heures, stop obligatoire au niveau de Darcha. Nous nous retrouvons avec les quelques véhicules présents bloqués pendant un long moment sans explication.
Puis, le convoi repart. Nous attaquons l’ascension du Baralacha La (4950m), le premier col de la journée.
La conduite est délicate, le bus a une fâcheuse tendance à zigzaguer car le sommet est complètement enneigé et notre véhicule ne possède ni pneu neige ni appareillage approprié. Nous nous en remettons corps et âme à l’expérience de Nima.
La difficulté passée avec succès, c’est sur le coup de midi que l’on atteint Sarchu pour un arrêt déjeuner. Nos estomacs crient famine mais pas question de tenter le diable, la route est encore longue.
On repart, alors vers les vertigineux virages en épingles du Gata Loops. Le danger est présent à tout moment, certains y perdront quelques plumes.
Sans problème, nous passons le deuxième col de l’étape, le Lachlung La (5060m). Ensuite, c’est une longue route faite de pierraille et de sable qui nous conduit vers Pang et son poste de contrôle.
Ensuite, nous filons à travers « l’altiplano » himalayen et ses magnifiques paysages.
Pour attaquer le dernier col, le Taglang La à plus de 5328 mètres d’altitude, une première pour nous !
L’obstacle passé avec aisance, c’est la descente vers Leh. La cadence s’accélère, notre chauffeur devient zélé et on se met à couper les lacets à travers …un raccourci comme ils disent !?
Ultime halte à Upshi, histoire de signaler notre présence, puis c’est l’arrivée sain et sauf à Leh.
Le long voyage pour le Ladakh est enfin terminé. Soulagés, affamés, fatigués …bref en un mot : Anéantis !!!
Nos adresses :
DUPCHEN* (Hôtel/250Rs) - Main Bazaar - Keylong.
NORDALING**** (Hôtel/300Rs) - Near Bus Stand - Keylong -
LAMAYURU** (Restaurant) - Main Bazaar - Keylong.