VARANASI - Vie et Mort.
Vârânasî, au début nous avons cru à une plaisanterie, une nouvelle attraction touristique de mauvais goût. Les brahmanes exécutaient un aarti judicieusement orchestré sous des parasols lumineux multicolores et devant des centaines de touristes placés sur des embarcations, flottants sur le fleuve sacré.
Enorme déception, nous attendions autre chose de cette magnifique ville où devait se côtoyer sur ses ghâts les rites les plus intimes de la vie et de la mort.
Puisque plus rien n’a de valeur, avec d’autres amis voyageurs, nous décidons de jouer à notre tour aux touristes ridicules.
Après un petit thé chez Babaji le Chai-wallah, on décide d’amuser la galerie en effectuant un brossage de dents local à la branche de Neem. S. enchaine avec de la Casiothérapie, médecine futuriste consistant à guérir tout problème de peau par l’application de montres. Pendant que je m’exerce à l’art du cerf-volant avec quelques gamins du coin.
Le soir venu, nous participons de bon cœur au Deep Diwali, fête des lumières seconde version.
On se soumet au dépôt de la traditionnelle offrande à Mama Ganga, et effectuons en secret un vœu.
...Rendez nous le veritable Vârânasî !
Désolé, nous avons la naïveté de croire que les vœux se réalisent. Et cela marche, puisqu’un ancien souhait va être exaucé par notre amie Céline. En acceptant une invitation chez la demoiselle d’ «Agir pour Bénarès», le miracle se produit.
Apres 135 jours de sevrage : Saucisson sec, Pineau des Charentes et un excellent Bordeaux 2003 nous sont offert …l’extase !!!
Les jours passent et nous apprécions de plus en plus notre séjour dans cette cité de l’étrangeté. Sur les ghâts, la vie grouille de toute part. On peut y apercevoir les barbiers-coiffeurs, les pratiquants de yoga, les joueurs de cricket, les vendeuses de pujas, les pêcheurs ou bien de fabuleux artistes-peintres vivre en harmonie.
On y rencontre aussi des personnages plus ou moins atypiques…
…ainsi que les célèbres vaches sacrées.
Mais le plus surprenant, c’est de voir simultanément sur ces longs chapelets de marches les fameuses ablutions enlevant les péchés, se réaliser à coté de gens venus prendre un simple bain, et ce tout près des laveurs de linge ou de buffles …c’est cela le Gange :
Le fleuve Gange, où le bruit court que ses eaux sont d’une pureté inégalable, est en fait un véritable égout à ciel ouvert. On y déverse tout et n’importe quoi, aucun microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille. Et pourtant…
Puis, le Vârânasî que nous attendions commence, petit à petit, à se dévoiler. Un Vârânasî, imprégné de spiritualité, où l’on peut découvrir la puissance de la religion sur les mentalités.
Mais, c’est surtout l’endroit recherché par les hindous pour mourir car cela permettrait la libération du cycle infernal des réincarnations. Alors, chaque jour, environ 200 crémations ont lieu dans cette ville plus vieille que le Monde. C’est au détour d’une rue que nous apercevons le corps d’un défunt enveloppé dans un linceul et attaché a une petite échelle faite de bambous. Les porteurs du cercueil, membres masculins de la famille transportent le corps de ce dernier en récitant des « Ram Nam Satya Haï » signifiant « Le nom de Lord Rama est la vérité absolue » pendant tout le trajet jusqu’au lieu de crémation. Nous décidons de suivre ce cortège funéraire. Lorsque le cadavre atteint Harishchandra Ghât, la famille transmet le corps aux « doms » qui indiquent la quantité de bois qu’ ils doivent acheter pour la cérémonie, soit 300 kilos. Du camphre et du beurre clarifié sont les autres ingrédients utilisés pendant l’incinération. Le corps de la personne décédée est premièrement plongé dans le fleuve afin de le purifier et ils le laissent ensuite sécher sur les marches du ghât. Pendant ce laps de temps, les membres de la famille achètent les objets religieux dont-ils ont besoin pour réaliser les derniers rites. Le fils ainé se met à tourner autour du bûcher à cinq reprises dans le sens contraire des aiguilles d’ une montre pour symboliser le retour du corps vers les cinq élément de la nature. Il achète alors le feu sacré auprès du Raja Dom et allume le bûcher avec de l’herbe enflammée. Le rituel tout entier se déroule en silence parce que l’on croit qu’exprimer son chagrin peut empêcher la transmission de l’âme vers le Nirvana. C’est pour cette raison que les femmes ne se rendent pas sur les lieux de la crémation. Ensuite les membres de la famille attendent que le corps soit réduit en cendres, ce qui prendra environ 3h. L’explosion du crane aura symbolisé la libération de l’âme du défunt. Les cendres encore fumantes sont collectées et répandues dans le Gange. Nous assisterons également à des cérémonies au Manikarnika Ghât, le principal crématorium de la ville.
A noter que pour diverses raisons, les enfants en dessous de 10 ans, les Sâdhus et Yogis, les lépreux, les gens mordus par un serpent et les femmes enceintes ne nécessitent pas la crémation.
Vârânasî un lieu à vivre une fois dans sa Vie …en espérant que ce ne soit pas la dernière.
Nos adresses :
VISHNU REST HOUSE*** (Hôtel/250Rs) - Pandhey Ghât - Vârânasî.
MONALISA** (Restaurant) - Ganga Mahal - Vârânasî.
BROWN BREAD BAKERY° (Restaurant) - Tripura Bhairavi - Vârânasî.
JYOTI CAFE**** (Restaurant) - Bengalitola Lane - Dashaswamedh - Vârânasî.
LOTUS LOUNGE** (Restaurant) - Mansrowar Ghât - Vârânasî.
VAATIKA CAFE*** (Restaurant) - Assi Ghât - Vârânasî.
SONMONY° (Restaurant) - Harishchandra Ghât - Vârânasî.
GANGA FUJI° - Kalika Gali - Vârânasî.
VISHNU REST HOUSE* (Restaurant) - Pandhey Ghât - Vârânasî.
APSARA° (Restaurant) - Ganga Mahal - Vârânasî.
OPEN HAND CAFE* (Bar) - Assi Ghât - Vârânasî.
PILGRIMS BOOK HOUSE*** (Librairie) - Dargaud - Vârânasî.
PYARILAN**** (Artiste-Peintre) - Hanuman Ghât - Vârânasî.